
Il existe des écrits de personnes qui gravissent des montagnes depuis le 14ème siècle. Pendant des siècles, les montagnes ont été escaladées avec un but précis (la religion, le commerce, le transport, …), par des chasseurs de chamois et des cristalliers (prospecteurs de cristal), et des lieux de passage. Rapidement (à partir de l’Antiquité et de l’époque romaine), des voies de communication ont été créées à travers des massifs montagneux. Mais, même si les hommes grimpent dans les montagnes depuis longtemps, l’alpinisme est né dans les Alpes : le terme “alpinisme” utilisé en français vient du nom Alpes. Et même si l’on parle d’alpinisme dans une autre partie du monde, on utilise quand même ce mot.
On peut dire que l’alpinisme en tant que loisir a commencé en 1741 lorsque deux Anglais, William Windham et Richard Pococke, montèrent pour leur plaisir au Montenvers près de Chamonix pour observer le glacier qui sera plus tard appelé “La Mer de Glace”. Ils en parleront, écriront à ce sujet et lanceront ainsi le tourisme alpin. En 1786, Jacques Balmat et Michel-Gabriel Paccard sont les premiers à gravir le Mont-Blanc avec succès, et Marie Paradis la première femme en 1808.
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, l’alpinisme est devenu célèbre et c’est l’époque des premières ascensions. De nombreux aventuriers anglais sont venus dans les Alpes à la recherche de sommets vierges. La décennie 1855-1865 peut même être considérée comme “l’âge d’or de l’alpinisme”. En 1865, tous les sommets importants des Alpes ont été conquis, principalement par des alpinistes anglais accompagnés de guides français, italiens et suisses.
Au début des années 1900, les voies normales des principaux sommets ayant déjà été validées, les alpinistes se tournent donc vers des voies plus techniques. L’attrait d’emprunter un parcours nouveau et parfois plus difficile a pris le pas sur l’intérêt de gravir un sommet vierge. L’alpinisme, réservé jusqu’alors aux nobles ou aux riches, se démocratise. A partir de 1870, de nombreuses femmes empruntent les grandes voies classiques pour conquérir à leur tour les sommets. Encore une fois, la plupart venaient d’Angleterre.
Le métier de guide commence aussi à attirer des gens qui ne sont pas originaires des vallées de montagne comme le célèbre Gaston Frison Roche, qui était aussi écrivain, en 1930. Mais, parallèlement, de plus en plus de gens décident de grimper seuls, sans l’aide de guides
Peu à peu, les alpinistes se tournent vers des destinations lointaines. Ainsi, en 1950, Louis Lachenal et Maurice Herzog effectuent la première ascension de l’Annapurna ce qui permet à la France de gagner la course aux premiers 8 000. Dans l’Himalaya, tous les sommets de 8 000 mètres seront gravis entre 1950 et 1964.
Dans les années 70, les grands sommets et les grandes faces des Alpes ont déjà été escaladés, mais les alpinistes se créeront de nouveaux défis en empruntant des itinéraires plus extrêmes et le solo se développe.
De nouvelles activités se développent, parmi lesquelles l’escalade sur glace qui progressera rapidement, ainsi que l’escalade et le ski d’alpinisme. De nos jours, les alpinistes utilisent d’autres sports tels que le ski, le parapente ou plus rarement le base-jump lors de leurs courses de montagne.
Les hautes montagnes sont désormais beaucoup plus accessibles mais restent une zone encore largement préservée. Cependant, l’ascension du Mont-Blanc est devenue si populaire qu’il y a maintenant des règles à respecter pour pouvoir y grimper.
Petite histoire de l’évolution de l’équipement
Une raquette datant de l’époque néolithique a été trouvée en Italie en 2003. Elle est fabriquée en bois et en corde et ressemble tellement à celles utilisées au XVIIe siècle qu’elle avait été initialement prise pour une raquette perdue beaucoup plus récemment. Une datation au Carbone 14 a permis d’établir que cette raquette date en fait de 3 800 à 3 700 ans avant J.C.
L’équipement d’alpinisme reste à la base le même encore aujourd’hui : chaussures spécifiques, piolet, corde et crampons. Mais il a technologiquement beaucoup évolué au fil du temps et depuis l’époque où mes parents faisaient de l’alpinisme.
Mes parents pendant des courses et leur équipement :
Casque et lampe frontale Lunettes de glacier (qui ont peu changées avec le temps) et crampons
La corde : son utilisation remonte au XVIe siècle; les paysans l’utilisaient pour franchir des cols et traverser des glaciers. Cependant, l’utilisation de la corde n’a pas été immédiate chez les alpinistes et, par exemple, pas lors des premières ascensions du Mont-Blanc. La corde était alors en chanvre, sans élasticité, de faible résistance et simplement passée autour de la taille. Même si son utilisation a sauvé des vies, elle a provoqué aussi des tragédies en se cassant et précipitant les grimpeurs dans le vide. Au début du 20e siècle, avec l’ascension de voies d’escalade plus difficiles, l’utilisation de cordes est devenue une nécessité, et plus courante après l’invention des pitons et des mousquetons en 1910. Le nylon a remplacé le chanvre dans la composition des cordes en 1947 ce qui a permis de gagner en dynamisme et résistance. En 1970, un Anglais a inventé le harnais. Il n’était dès lors plus nécessaire d’attacher la corde à la taille.
Pitons et mousquetons : le piton est une pointe métallique, avec un œil ou un anneau à une extrémité que l’on enfonce dans une fissure. Un mousqueton est une boucle métallique qui se referme facilement et de manière sécurisée. Il est utilisé comme connecteur et pour maintenir une corde libre. Les premiers pitons utilisés dans l’alpinisme étaient les mêmes que ceux utilisés par les pompiers de Munich. En 1939, un français a conçu leur version moderne encore utilisée aujourd’hui, même si les mousquetons sont devenus beaucoup plus performants au fil du temps (en particulier leur poids). L’utilisation des pitons est controversée depuis le début. En 1932, les alpinistes britanniques ont pris position contre l’utilisation de marteaux, de pitons et de mousquetons dans un article paru dans le journal l’Alpine. Leur utilisation divise surtout deux pratiques différentes : les personnes pratiquant uniquement l’escalade en tant que sport à part entière et les alpinistes pour qui l’escalade n’est qu’une des techniques utilisées pour gravir un sommet (parmi d’autres techniques de glace et de neige et la randonnée d’approche). Certains grimpeurs de la première catégorie considèrent que l’escalade doit se faire sans aucun équipement qui pourrait aider à la progression. Cela a été poussé à l’extrême par Paul Preuss qui a été le premier à parler d’escalade libre dès 1910. Selon Preuss un grimpeur doit constamment maîtriser ses mouvements et être capable de redescendre si nécessaire. Les pitons et toutes autres formes d’équipement d’assurage doivent être interdits et la corde ne sert qu’à sécuriser le second grimpeur. Il meurt en 1913 lors d’une ascension en solo. L’escalade libre se développera en 1960-70.
Crampons : ils sont attachés aux chaussures pour améliorer l’adhérence sur la glace. Les premiers, créés en 1908, comptaient 10 pointes. En 1929, 2 pointes ont été ajoutées, ce qui est toujours la norme aujourd’hui.
Piolet : le piolet est un outil qui s’utilise de plusieurs manières en alpinisme, notamment : comme un bâton de marche, une ancre solide en enterrant le pic, ou pour arrêter une chute lorsqu’il est enterré verticalement. Les premiers piolets ont été créés en 1840 seulement, ce qui est tard dans l’histoire de l’alpinisme. En 1964, un fabricant anglais cré un piolet avec une poignée en métal. Le piolet moderne sera amélioré et perfectionné au fil du temps. Grâce à ces nouveaux outils, il est possible de traverser des passages rocheux recouverts de fines couches de glace, où il est impossible de creuser des marches.


